Les origines de l’ésotérisme

Ésotérisme : essai de définition

Définir l’ésotérisme est une tentative difficile en raison de sa complexité, de son origine lointaine et de son caractère secret. L’ésotérisme est un ensemble de courants d’idées, de sciences, de notions dont l’étude et la pratique remontent à l’antiquité. Elle est souvent considérée comme une doctrine, confondue à l’occultisme ou à la gnose. Cet article essaie d’apporter plus de précision sur les connaissances concernant l’ésotérisme.

Ésotérisme : l’origine

L’ésotérisme vient du grec ancien esôteros signifiant « intérieur ». Le mot fut utilisé dans la Grèce antique pour désigner la doctrine des choses intérieures. En effet, ses préceptes défendent les correspondances secrètes entre les parties de l’univers. Pour comprendre le sens caché du monde visible, l’ésotérisme fait appel à l’imagination, aux médiations, aux sciences occultes, aux mathématiques… Cela implique la réalisation de rituels, l’interprétation des nombres/symboles/images/visions, la création de courants d’idées et bien d’autres pratiques. La maîtrise de l’ésotérisme conduit à la transmutation intérieure, autrement dit à l’illumination et à la sagesse. Pour y arriver, il faut des années de pratique, beaucoup de patience et surtout la tutelle d’un maître. Les connaissances sur l’ésotérisme se transmettent uniquement d’un maître spirituel à un disciple qui est appelé l’initié.

Ésotérisme et exotérisme

René Guénon distingue ces termes dans son ouvrage sur l’initiation à l’ésotérisme tout en admettant leur appartenance à la même doctrine. Contemplé par ses pairs comme une autorité de l’ésotérisme, il les différencie selon la modalité d’accès et la transmission des savoirs. L’ésotérisme englobe des notions savantes et reste accessible seulement à un public restreint et choisi. L’exotérisme, pour sa part, est superficiel, facile à comprendre et s’ouvre, de ce fait, à un large public. L’auteur confirme aussi que l’enseignement de l’exotérisme se réalise à l’écrit. Il note que l’ésotérisme s’enseigne oralement et selon un emploi du temps régulier au sein d’une école.

Pierre A. Riffard rajoute pour le compte de l’ésotérisme la discrétion de sa pratique voire même son aspect secret. En réalité, l’apprentissage de l’ésotérisme s’effectue au sein des organisations initiatiques : la franc-maçonnerie, le rose-croix, le Golden Dawn… L’auteur réitère également l’impersonnalité du maître dans le but de donner un caractère surhumain à l’enseignement. D’autres auteurs réaffirment la dualité sur l’appellation des disciples : initié et non-initié. Ils mettent aussi en évidence le caractère occulte de l’ésotérisme et la manifestation évidente de l’exotérisme.

L’ésotérisme renvoie également à l’époque de Pythagore pour désigner son école philosophique. Ce philosophe mathématicien appelle ses disciples les initiés ou les ésotériques. Il nomme profanes, novices ou non-initiés les exotériques. Ces derniers indiquent les personnes qui assistent irrégulièrement à ses enseignements et en dehors de ses cours. 

Ésotérisme et sciences

Antoine Faivre étudie l’ésotérisme selon sa signification dans des disciplines scientifiques différentes. En tant que courant, le terme « ésotérisme » allègue les idées d’enseignements secrets. Affecté à la théosophie, il évoque l’Être ou Dieu ou encore la mère Nature. Selon cet auteur, l’ésotérisme englobe des courants spirituels comme l’hermétisme, la kabbale chrétienne, le paracelsisme, l’illuminisme… Il relève également que les archivistes utilisent ce terme pour classifier les œuvres traitant les sciences occultes, le paranormal, la sagesse exotique… 

Par ailleurs, l’ésotérisme se sert de plusieurs disciplines scientifiques pour améliorer ses techniques d’analogie et de correspondance. Elle s’appuie, par exemple, sur la cosmologie, la science qui étudie l’Univers. Cette discipline lui permet de connaître davantage les lois, les éléments, les causes, etc. qui régissent le monde. L’ésotérisme cherche également à mieux comprendre l’humain : origine, rôle, destination. Pour ce faire, elle s’intéresse particulièrement à l’anthropologie. Elle s’inspire, d’ailleurs, des sciences et arts occultes. Ces disciplines lui enseignent sur la symbologie, l’astrologie, la magie, les cycles cosmiques, l’alchimie, la vie après la mort…

Ésotérisme et symboles 

La pratique de l’ésotérisme implique impérativement l’usage de symboles souvent empruntés à la nature, à la culture et à la science. Les traditions ésotériques font un usage régulier des symboles provenant de la géométrie tels que l’hexagramme ou le pentagramme. Elles utilisent aussi le nombre d’or ou le nombre Pi qui s’imprègne de vertus mystérieuses et magiques depuis l’Égypte ancienne. La pratique ésotérique voit, en outre, l’utilisation des animaux et des fleurs à forte charge symbolique et évocateurs. Les scènes occultes intègrent notamment un serpent, un crapaud, un bouc, un lotus ou encore une rose. Les symboles, utilisés dans un rituel ésotérique, prennent une signification plus profonde. Ils revêtent d’une représentation approximative d’une expérience spirituelle.

Ésotérisme et politique

L’histoire des XIXe et XXe siècles montre l’influence des groupes ésotériques sur le politique d’un État. Des organisations maçonniques expriment des opinions politiques et encouragent des actions publiques. En Russie, des ésotéristes défendent le principe féodal et théocratique des Tsar et les conseillent par la même occasion. Par exemple, en 1815, Madame de Krüdener guide Alexandre Ier. Papus devient le mentor de Nicolas II à partir de 1905. En Allemagne, les nazistes font appel à l’occultisme pour s’imposer. L’historien Goebbels mentionne dans son journal du 19 mai 1942 : « Nous pourrions utiliser les occultistes dans notre propagande… ». Les occultistes développent aussi la politique ésotérique comme l’« occulto-socialisme », que Pierre Leroux ou Éliphas Lévi défendent farouchement. L’école de politique ésotérique de Georges Tchoulkov, d’Apollon Kareline et d’Alexandra David prône, pour leur part, l’anarchisme mystique.